Test - Incredipede

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Rédigé par Soraliste, publié le 10/11/2013
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Mélangeant astucieusement la réflexion à la plate forme en nous permettant de modeler une créature à notre guise afin de passer les quelques 120 niveaux dont il est composé, Incredipede est un jeu atypique ayant le mérite d'avoir été au bout de ses ambitions. Car avant d'être un jeu, Incredipede c'est une idée. Une idée de génie, née dans l'esprit dérangé de Colin et Sarah Northway. Voyons en détail ce qu'ils nous proposent.

A l'abordage !

Sur une ile à l'ambiance Aztèque très prononcée, un peuple de créatures surnaturelles vit en toute sérénité. Ces créatures appelées "Incredipede" ont la particularité incroyable de pouvoir se métamorphoser en ce qu'elles veulent. Ainsi, elles peuvent passer d'une forme aquatique, un poisson par exemple, à une forme terrestre comme une araignée voire carrément passer par une forme plus aérienne : l'oiseau. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où un bateau accoste. Très vite, les choses s'accélèrent : des hommes sortent du bateau, brûlent le village et enlèvent tous les habitants de ce dernier. Spectatrice de ce carnage, Quozzle s'enfuit vers la montagne avec la ferme intention de trouver un autre village afin de venir en aide à sa soeur. C'est donc comme cela que nous est vendue l'histoire. Autant le dire tout de suite, elle est convenue et anecdotique, mais n'oublions pas que nous parlons d'un jeu de réflexion, indépendant qui plus est. Sachons nous en contenter, d'autant plus que l'histoire permet d'apprendre au moins une chose intéressante : nous contrôlons une héroïne et rien que ça, ça fait déjà plaisir. N'est-ce pas messieurs ? (Comment ça, non !?) Les cinématiques ne sont en fait que des dessins reprenant la même patte graphique que le jeu, elles ne sont pas animées et encore moins doublées, mais sont d'une assez bonne qualité.

Parlons-en justement de cette patte graphique puisque c'est sans conteste, la première chose qui retiendra votre attention. À mi-chemin entre le dessin au crayon et l'aquarelle, le style général est plutôt sympathique. Les décors sont soignés. Bien qu'un peu vides et peu nombreux, ils ont le bon gout d'être assez colorés. L'environnement quant à lui est plutôt sommaire : quelques champignons par-ci par-là, des brins d'herbes, bref, rien de très impressionnant bien qu'une interaction avec ces décors soit parfois rendue possible. Mais ce qui nous intrigue le plus, ici, c'est surement le chara-design du personnage que l'on contrôle. Faisant un peu penser à Robert Razowski (mais si, vous savez... Bob, dans Monstre et compagnie), Quozzle est en fait un... Œil. Pas très ragoutant, tout ça. Quoi qu'il en soit, qu'on adhère ou pas au style graphique, force est de constater que Thomas Shahan, l'homme à l'origine de ces illustrations a réussi à donner un cachet très particulier au soft.

Je voudrais un membre là, un autre ici...

Le gameplay du jeu quant à lui est assez original, le jeu se joue en 2D et concrètement, vous ne pouvez déplacer votre personnage que dans deux directions. Soit à gauche, soit à droite. Mais la grosse originalité du titre, c'est qu'avant chaque début de niveau, vous allez devoir créer vous-même le personnage que vous allez diriger et ce, de fond en comble. Vous allez donc devoir placer des membres, les relier avec des muscles tout en portant une attention très particulière aux pièges de chaque tableau. Pour rajouter encore plus de difficulté, il sera nécessaire dans chaque stage de récupérer entre 1 et 3 objets dissimulés dans le niveau. Pour les récupérer c'est très simple, il va soit falloir les toucher... soit les transporter de quelque manière que ce soit jusqu'à la fin. 

La création du personnage est simple : vous cliquez là où vous souhaitez rajouter un membre et vous choisissez sa longueur. Une fois un membre créé, vous avez la possibilité, si vous le souhaitez, de le relier à votre corps via un muscle. Il existe deux types de muscles : les muscles "Q et D" et les muscles "K et L". Tous les muscles fonctionnent de la même manière : lorsque vous appuyez sur une touche, soit il fait tourner le membre associé à gauche, soit il le fait tourner à droite. La différence entre les muscles "Q et D" et "K et L" est donc évidente : si vous appuyez sur Q ou sur D, seuls les muscles "Q et D" tourneront, de la même façon que si vous appuyez sur K ou L, seuls les muscles "K et L" tourneront. Au final, cela vous permet donc de choisir les muscles que vous voulez solliciter ce qui sera très utile dans les niveaux plus difficiles.

Un long tutoriel

Afin de vous permettre de mieux appréhender le gameplay qui se veut très précis, les développeurs ont fait preuve de bon sens en implémentant un mode de jeu alternatif faisant office de gros tutoriel : le mode normal. Ainsi, si depuis le début de ce test, nous parlions de créer son personnage de toute pièce, il est bon de noter que ce n'est possible qu'en mode Hard. En mode normal, la créature a été créée spécifiquement pour chaque niveau et l'unique difficulté sera de s'en accommoder afin de parvenir à finir le niveau en récupérant les différents objets. Si ce mode de jeu ne vous opposera aucune difficulté, je ne peux que vous conseiller de vous y intéresser malgré tout, cela vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement des muscles et surtout, d'avoir un petit aperçu des possibilités de création qu'offre le jeu. En tout et pour tout, il y a donc 2 modes de difficultés, chacun disposant de 3 mondes et chaque monde comportant 20 niveaux. C'est donc pas moins de 120 tableaux que vous allez devoir terminer et comme si ça ne suffisait pas, un éditeur vous permettra de créer vos propres stages et évidemment de tester ceux des autres. 

Enfin, pour conclure, j'aimerais tout de même parler d'un léger point noir. En effet, vous avez sans doute remarqué que je n'ai pour le moment jamais abordé les musiques du jeu et pour cause, ces dernières sont l'un des défauts majeurs du titre. Non pas qu'elles soient mauvaises, mais disons simplement qu'elles sont trop peu nombreuses et qu'elles ont donc tendance à se répéter. Dans les premiers niveaux cela ne pose pas de problème mais lorsqu'on commence à coincer, entendre cette même mélodie en boucle peut s'avérer légèrement prise de tête et accentuer le côté frustrant de la chose. Mais si cela est un véritable défaut selon moi, c'est malgré tout hautement excusable tant le reste est géré à la perfection. Ça l'est d'ailleurs d'autant plus que je le rappelle : ils n'étaient que trois pour tout faire, ce qui prouve que plus que jamais, la scène indépendante n'est pas prête de s'essouffler.

Une idée de génie !
Incredipede est un condensé de ce que la scène indépendante peut offrir de meilleur. Partant d'une idée toute simple, les développeurs ont su se donner les moyens de leurs ambitions afin de nous pondre un beau bijou. Si on passe outre les graphismes originaux qui ne plairont pas à tout le monde et la musique légèrement répétitive du soft, on se retrouve devant un titre atypique et complet offrant une durée de vie avoisinant les 15 heures. Une expérience à ne pas rater pour tous les curieux et les fans de réflexion.
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