Test - Knock-Knock, la folie frappe à la porte

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Rédigé par MrDeriv, publié le 09/10/2013, modifié le 24/04/2014
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Je préfère vous prévenir de suite, vous vous apprêtez à lire le test d'un jeu délicieusement barré à l'univers tout aussi glauque que captivant. Après une campagne de financement réussie sur Kickstarter, les Russes de chez Ice-Pick Lodge nous présentent leur dernière création : Knock-Knock, un titre surfant sur la vague des jeux d'horreur et de survie. Mais suivre une tendance ne signifie pas faire exactement comme les autres, et dans ce domaine Knock-Knock tire indéniablement son épingle du jeu. Suiviez-moi pour un plongeon au cœur de la folie !

Fear of the dark

Le principe du jeu est on ne peut plus simple : réussir à passer une nuit complète sans nous faire surprendre par les "invités" fantomatiques venant rôder dans notre maison. Si il arbore l'apparence d'un survival horror, Knock-Knock tient plutôt de l'expérience méditative face des événements étranges et inexplicables. Sur son site officiel, le studio Russe prétend avoir reçu de mystérieux messages les invitant à se pencher sur la création du jeu. Bref, Ice-Pick Lodge a eu la bonne idée de mélanger réalité et fiction afin de créer une sorte de creepypasta moderne et interactive.

Dans Knock-Knock, on incarnera donc le gardien d'un observatoire perdu au beau milieu d'une forêt sombre et désolée. Comment occuper ses journées au cœur d'un bois paumé ? La réponse sera distillée au cours du jeu ; en tant que Monde-ologiste, le résident des lieux (appelé lodger en anglais) sera amené à effectuer divers prélèvements afin d'étudier l'évolution du monde. Taux d'humidité dans l'air, échantillon de sons, ossements d'animaux et un tas d'autres activités étranges. Mais si ses journées sont bien remplies, ce sont plutôt ses nuits qui nous intéressent dans le jeu. Il n'y a qu'à voir le chara design du personnage principal pour se rendre compte que ce dernier doit souffrir de quelques pannes d'oreiller. Cernes comme des valises, cheveux en bataille, teint livide, dos courbé, le lodger s'éloigne définitivement des codes du beau gosse vidéoludique en tirant inlassablement la tronche et en portant sans cesse une robe de chambre et des pantoufles. Armé de notre panoplie complète d'insomniaque, nous allons donc déambuler bougie en main dans la pénombre afin de rétablir le courant dans la plupart des pièces de la maison tout en écoutant les élucubrations psychotiques de notre hôte. Tout l'intérêt sera donc de survire en attendant poindre l'aube en gardant constamment un œil sur l'horloge chevelue située en haut à gauche.

Toc toc, qui est là ?

Car la pénombre va nous réserver de nombreuses surprises. Entre les craquements de plancher, les portes qui claquent et les murmures glaciaux, on comprendra assez rapidement que nous ne sommes pas seul dans cette maison. Les charmants occupants fantomatiques portent le nom d'invités. Croyez-moi, c'est tout à fait le genre d'invités que l'on ne souhaite pas voir chez soi. Entre les marcheuses sans tête engoncées dans leurs camisoles de force et les fantômes barbus à la voix de ténor, il ne vaut mieux pas s'attarder dans les ombres. Et de toute façon vous ne pourrez pas puisque le moindre contact physique avec eux se soldera la plupart du temps par un game-over du niveau en cours. Pour parvenir à les éviter le plus de temps possible, il faudra comprendre plusieurs choses. La première c'est que la plupart des fantômes craignent la lumière, une pièce éclairée sera donc une zone sécurisée. Attention toutefois, nos charmants fantômes ont la fâcheuse tendance de faire sauter les plombs vous obligeant ainsi à quitter au plus vite votre petit espace de paix relative. Second point à saisir, il sera possible de se cacher derrière quelques éléments du décor afin d'échapper à la vue des invités. Toutefois, être caché ne signifie pas être indétectable et il arrivera souvent que l'on se fasse griller malgré notre habille camouflage derrière un meuble.

Le gameplay de Knock-Knock ne se résume finalement qu'à une poignée d'actions simplistes comme ouvrir des portes, réparer les lumières et monter à des échelles. Rester dans la lumière permettra parfois aux yeux du lodger de s'habituer à la luminosité afin de faire apparaître quelques éléments de décor jusque là invisibles. Signalons aussi qu'aucun inventaire ni objets à ramasser ne viendront étoffer le système de jeu, Alors où diable se situe la richesse du jeu ? La réponse est évidente : dans son ambiance à la fois glauque et captivante.

La spirale de la folie

Une fois les premiers rudiments de gameplay acquis, le jeu aura tôt fait de déconstruire tout cela en altérant par exemple le défilement du temps et en vous obligeant à trouver quelques horloges placées dans des pièces reculées. Puis il faudra se balader de nuit entre les arbres morts de la forêt afin d'atteindre à nouveau votre maison pour constater que les pièces ne sont plus les mêmes. Chaque partie de Knock-Knock est l'occasion d'arpenter une architecture intérieure différente et donc de renouveler le plaisir de jeu. Un plaisir qui passe aussi par la progression tout en douceur d'un scénario à la fois conté par le lodger s'adressant au joueur de sa douce voix de Jawa (ou de Sims, tout dépend de vos goûts) et par la découverte des pages d'un journal de bord déchiré nous mettant en garde contre les ténèbres et la folie. Car la folie est sans doute ici la clé de compréhension ;  à aucun moment nous ne pouvons faire la différence entre la réalité ou les images psychédéliques issues d'un imaginaire tiraillé entre le manque de sommeil et l'isolement total. À l'image du lodger, on fini par plonger dans l'angoisse de la pénombre pour des raisons peut-être totalement irréelles.

Toutefois, ne vous attendez pas hurler de peur, Knock-Knock est avant tout un jeu d'ambiance. Et de ce point de vue, il est particulièrement bien servi par une technique au poil affichant une fluidité à toute épreuve. La palme revient toutefois à la patte artistique des décors et des personnages. Glauque, sombre et à tout instant oppressants, les décors ont le don de nous plonger instantanément au cœur de la folie du lodger et de son environnement. La palette de couleur, contrairement à  la tendance actuelle des jeux du genre, ne se limite pas à certaines tonalités mais explore avec brio de nombreuses variantes participant à renforcer le cadre étrange des lieux. Chapeau bas aussi pour l'ambiance sonore qui, hormis le bruit de sabre laser censé représenter le craquement du plancher, colle parfaitement au genre. Comme le conseillent les développeurs, jouez à Knock-Knock seul et avec un casque et dans l'obscurité pour profiter au mieux de l'expérience.

Ambiance de folie
Proposé pour un peu moins de 9€ sur Steam, Knock-Knock est une riche expérience au pays de la folie. Malgré un gameplay des plus simpliste, le titre parvient à dégager une véritable atmosphère à la fois dérangeante et captivante. Il faudra compter à peu près 5 heures pour en venir à bout, mais le côté aléatoire des niveaux permettra de recommencer l'aventure de nombreuses fois. Doté d'une réalisation atypique et hyper-soignée, Knock-Knock s'apprête à vous faire sombrer dans la démence et dans des nuits d'insomnies à explorer la sinistre demeure du gardien de la forêt.
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