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Message Sujet: La violence dans le jeu vidéo     18/10/2014 à 14:50

It's a lot harder to say "those kids didn't do that shooting at that school because of video games" when you have someone threatening to do a shooting at a school because of video games. Regardless of whether the threat was real or whether these two situations are really related, the rhetorical position becomes very difficult. So you've made it much harder to defend games in public discourse, bravo.

(Tweets publiés suite aux menaces envoyées cette semaine à l'Université d'Utah, où Anita Sarkeesian a dû annuler une conférence)

L'affaire mentionnée dans cette citation n'est pas le sujet du topic, mais elle constitue une introduction pertinente. Je souhaite en effet parler un peu de l'image négative des jeux-vidéo auprès du grand public, concernant notamment la violence. Les jeux-vidéo ont souvent été accusés d'encourager les comportement violents chez les jeunes, voire d'être la cause indirecte de séries de meurtres. Si ces stéréotypes se sont dissipés depuis quelques années, la violence nettement présente et réaliste dans les jeux récents encourage toujours certains à considérer les jeux comme des simulations de meurtres.

Et c'est là qu'on en arrive au point de départ du débat :

Attention : Le trailer ci-dessous contient des images et des propos susceptibles de heurter la sensibilité de certains.

Hatred est un jeu développé par le studio polonais Destructive Creations, se définissant littéralement comme un jeu de génocide. On y incarne un serial-killer dont le but est de tuer tous les civils qu'il croise. Les civils étant non armés, et principalement suppliant. Le jeu met en avant les crime de manière froide et réaliste, ou du moins gore et dérangeant.

Le créateur du jeu, Jarosław Zieliński, déclare qu'il s'agit d'une réponse au politiquement correct. Dans une interview accordée à Polygon, il explique que là où des tonnes de jeux modernes permettent de faire la même chose, le sien se différencie en se défaisant de toute hypocrisie et de fausse philosophie, pour se concentrer uniquement sur le meurtre. Il mentionne bien entendu Postal, et indique qu'il souhaite "revenir aux racines". Le jeu est destiné aux joueurs ayant eu une journée pénible de boulot, et souhaitant se défouler en tirant sur des PNJ et en détruisant le niveau.

***

Je ne cache qu'à moitié mon opinion bien tranchée sur ce jeu. Je l'élaborerai plus tard, mais disons qu'il me fait franchement grimacer, de même que la philosophie des créateurs. Mais il a eu « l'avantage » de me faire poser des questions sur la façon dont la violence est représentée dans le jeu-vidéo. Après tout, comme le dit l'auteur, ce n'est pas la première fois que l'on peut commettre des actes violents et criminels dans un jeu. C'est le cas dans GTA, Watch_Dog, Assassin's Creed, et beaucoup d'autres jeux bac-à-sable. De même, Hotline Miami est un jeu à la violence acerbe, où l'on prend le rôle d'un psychopathe. Que dire de l'amoralité de Biding of Isaac ! Qu'est-ce qui fait que l'on tolère les uns, et que celui-ci choque ?

Et arrive la question de la morale. Le créateur se plaint de recevoir des propos d'indignations face à son jeu, et accuse la société… Mais en même temps, il y a de quoi être choqué par le propos du jeu. Bien qu'après tout, ce n'est qu'un jeu, et on sait que ça n'encourage pas forcément la violence. Ce qui est troublant, c'est de constater à quelle point la violence est glorifiée, aussi bien dans ce jeu que dans d'autres. L'idée de tuer est-elle devenue fun ? Pourquoi dans le jeu-vidéo, la violence est considérée comme cool ? Et surtout, existe t-il des limites à la morale affichée par les jeux ? En tant que média populaire, le jeu-vidéo a t-il un devoir de faire évoluer les mœurs dans le bon sens ? En sachant qu'il n'est pas obligé d'être toujours sérieux (encore que, comment définit-on "sérieux" ?). Des jeux comme Goat Simulator sont eux aussi des défouloirs absolument pas prise de tête, sans message ni morale, juste de gros délires pour se divertir. Mais entre un simulateur de chèvre et un simulateur de meurtre, il y a un pas.

Et l'on revient en quelque sorte sur l'image des jeux-vidéo auprès du grand public. Que ce soit par le jeu "casual", Wii et smart-phones en tête, ou les jeux à visée poétique ou sérieuse comme Journey, Child of Light, ou Papers Please, le jeu-vidéo a gagné une image de média profond et respectable, obtenant une place au sein de la culture. Or avec des jeux comme Hatred, qui réunit tout les mauvais clichés que l'on se fait du jeu, on peut se demander si on ne fait pas un pas en arrière. Et si j'ai mentionné le harcèlement en début de post, c'est aussi parce que certains « gamers » s'efforcent à maintenir une image très négative des joueurs. A t-on une responsabilité vis-à-vis de l'image du médium ? Ou bien est-on aussi en droit de ne pas y prêter d'importance et de juste s'amuser ? Comme le dit Zieliński, Hatred n'est pas un jeu là pour satisfaire la morale de tout le monde, mais un simple divertissement.

Pour finir, il n'est plus à prouver que les jeux-vidéo, en tant que média, possèdent une influence sur la société autant qu'ils en sont le reflet. Si Hatred perturbe tant, est-ce parce que l'on craint qu'il ait une mauvaise influence, ou parce qu'il est un reflet auquel on ne souhaite pas faire face ?