Fiche:
Nom: E.Y.E Divine Cybermancy
Développeur: Streumon Studio
Genres: FPS/RPG
Support: PC (Steam)
Description Rapide: Dans un lointain futur de mégalopoles cyberpunk ravagées par des conflits incessants, des sociétés secrètes luttent pour le pouvoir.
Date de Sortie: 29/07/2011

Rien qu'avec le titre, E.Y.E Divine Cybermancy suggère un gros mélange des genres. Ce qui n'était à la base qu'un mod d'Half-Life² a fait bien du chemin pour renvoyer le gameplay d'un Deus Ex au rang de petit joueur. Puisant dans les univers de science-fiction et tout particulièrement du cyberpunk, le FPS du mod originel s'est étoffé d'éléments de RPG assez mastoc.

Mais malgré cette promesse alléchante, le jeu traîne un énorme boulet: le brassage de ses influences et la complexité de son gameplay en font un jeu hermétique dans lequel il est difficile de rentrer. Malheureusement, les tutos de gameplay sont rébarbatifs au possible: des vidéos à la pelle pour expliquer des systèmes complexes, et pas toujours de façon très claire... ce n'est pas insurmontable, surtout avec l'envie de comprendre ce qui se passe dans les premiers instants scénaristiques très réussis, mais c'est un poids morts indigeste qui brise le cours d'un début de partie. Les descriptions de l'univers souffrent du même problème: trop de choses en même temps. Pendant la première demie-heure, on a l'impression que le jeu essaie de nous mettre par KO avec ce qu'il a dans le ventre, et le manque de soin qu'à mis Streumon Studio dans ses tutoriels pêche lourdement.

Ceci dit, lorsqu'on arrive à rentrer dans les arcanes du gameplay de Divine Cybermancy, on trouve sous le capot un gameplay démentiel. Outre les classiques gameplay de bourrin ou de stealth, un soupçon de magie, et la capacité de pirater les gens en plus des portes et des tourelles habituelles... Portes qui peuvent nous contre-hacker si on s'y prend comme un pied. Rajoutez au tout des implants cybernétiques en pagaille et ça donne une idée des possibilités de gameply d'E.Y.E. Il vaut juste mieux commencer par ce qui permet de se déplacer rapidement, pour que le défaut des niveaux beaucoup trop grands devienne un avantage à grands renforts de sniper, de sauts boostés et de téléportation. Enrobez le tout de mécaniques de FPS bien rôdées, solides, de bonnes sensations sur des armes qui ont de la gueule, et vous y êtes.

Côté univers, une fois passé l'hermétisme des premiers instants, on voit la quantité d'influences que brasse Divine Cybermancy: de 40k à Ghost in the Shell, de Deus Ex au Neuromancien, mâtinés d'atmosphères réminiscentes ça et là d'Alien ou de Blade Runner, le titre arrive pourtant à en dégager son identité propre au lieu de ressembler à un patchwork hétéroclite. La profondeur de l'univers et l'obscurité volontaire de l'histoire incitent à l'exploration après certaines découvertes, et le jeu ne prend à ce point pas par la main qu'on peut passer à côté de pans entiers de scénario au cours d'une première run. C'est effectivement le genre d'histoire qui se comprend et s'apprécie en plusieurs parties, et E.Y.E l'a compris au point de l'intégrer dans sa narration.

Lorsqu'on est bien rentré dans l'univers, le level design et son gigantisme, les variations dans les atmosphères, tout semble résonner à l'unisson. Un écho un peu fêlé: Divine Cybermancy est un fan project d'un équipe inexpérimentée qui n'a rien fait d'autre, et ça se sent sur de nombreux points. Mais la qualité des ambiances et des atmosphères, leur variété et les sensations qu'elles procurent s'apprécient et laissent leur marque, malgré les défauts et les imperfections. Ce ne sont pas les monstres qui peuplent l'univers qui vont dire le contraire; enfin, quand ils sont disposés à discuter.

Carlo neutre. Très Hermétique mais fascinant.

E.Y.E Divine Cybermancy n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains: son côté hermétique et sa complexité, liés aux tutoriels m'en foutistes en décourageront plus d'un. De plus, son univers hermétique ne se laisse pas facilement aborder. Toutefois, si on arrive à y entrer, difficile de ne pas se laisser happer par cet univers de Cybermpunk occultiste dense et fourni, servi par un gameplay d'une richesse phénoménale. L'identité forte du titre en fait une expérience marquante, et sa façon de raconter son histoire laisse planer assez de mystères pour donner envie au joueur de chercher lui-même ses réponses. Un jeu à nul autre pareil. Littéralement: il est un peu le seul de sa catégorie.