Test - Fez

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Rédigé par Mein_jab, publié le 20/04/2014
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Jeu de plate-forme 2D que l'on peut qualifier de « rétro » tant pour son aspect graphique que pour sa bande-son, FEZ a profondément marqué les joueurs et la presse de par sa créativité et sa richesse. A l'origine de cette petite perle, Phil Fish, un concepteur de jeu vidéo canadien qui s'est offert les services de Renaud Bédard pour la partie programmation et ceux de Rich Vreeland pour la bande-son. Devenu un grand nom du jeu vidéo indépendant, FEZ fait maintenant parti du panthéon de ce genre, aux côtés de Super Meat Boy et Braid. Qu'est-ce qui rend FEZ si particulier? La réponse tient en trois points : un mécanisme de jeu intelligent, une bande-son très travaillée et un sacré coup de main pour mélanger tout ça.

DE LA PLATE-FORME, MAIS PAS QUE...

Débutant comme un simple jeu de plate-forme aux textures pixelisées, FEZ dévoile très rapidement sa particularité lorsque Gomez, le petit être blanc que l'on incarne, se voit affublé d'un fez qui lui confère le capacité de passer d'un plan de l'espace à un autre. En effet, le monde dans lequel Gomez évolue possède trois dimensions mais le personnage ne peut se mouvoir que dans un plan et la caméra est contrainte à ne montrer qu'une projection de ce monde. Grâce à son couvre-chef, Gomez a cependant la possibilité de changer de perspective et de passer d'une face d'un cube à l'autre. Ce mécanisme offre une approche du jeu de plate-forme bien différente de ce à quoi on est habitué car elle change complètement notre perception des profondeurs et autorise des déplacements qui seraient impossibles si l'on respectait la disposition des objets en trois dimensions.

Ce formidable outil en main, le joueur est amené à parcourir l'univers de FEZ en explorant de nombreux niveaux reliés les uns aux autres plus ou moins directement. Outre les portes classiques, Gomez peut naviguer d'un monde à l'autre via des passages secrets ou des portails de téléportation. L'objectif premier de ce périple est de récupérer des cubes jaunes afin d'ouvrir des portes closes protégeant les secrets de ce monde. Pour atteindre son but, Gomez devra résoudre un grand nombre d'énigmes dont le niveau varie de la plus évidente à la plus retorse. Exploitant pleinement le pouvoir du chapeau magique, l'aspect plate-forme de FEZ fait finalement davantage appel à votre souplesse intellectuelle qu'à la dextérité de vos doigts. La réflexion y joue en effet un rôle prépondérant et il ne faudra pas se montrer trop impatient et hâtif si l'on souhaite percer tous les mystères que recèle l'univers du jeu. D'ailleurs, on se surprendra même à avoir recours aux bons vieux crayon et au papier pour mettre à plat ses idées dans le but de trouver la logique de certaines énigmes.

UN SUBTIL MARIAGE ENTRE SON ET LUMIÈRE

Le style pixelisé ne plaira pas à tout le monde mais le pixel-art de FEZ a le bon goût d'être malgré tout assez fin et offre de sublimes tableaux. Un travail incroyable a été fait sur le design des environnements, jouant sur les couleurs, les contrastes et les ambiances, pour nous dépayser à de nombreuses reprises. Et si FEZ ne vous a pas encore convaincu par ses graphismes ou ses mécaniques de gameplay, il dispose d'un autre atout non-négligeable : sa bande-son. Que l'on soit un amateur de musique « chiptune » (inspirée de l'ère des consoles 8 bits) ou pas, il est difficile de rester insensible aux compositions de Rich Vreeland, aussi connu sous le pseudonyme de Disasterpeace. La richesse des morceaux confère aux différents niveaux des ambiances sonores variées mais collant toujours parfaitement aux environnements. Tantôt poétiques et contemplatives, tantôt sinistres et mystérieuses, les sonorités se couplent aux graphismes pour transcender leur simple somme et donner vie à un véritable monde pixelisé. Et c'est sans aucun doute la synthèse de ces deux éléments qui fait la qualité de FEZ. Sans trame scénaristique à proprement parler, l'histoire se révèle de manière implicite à travers les éléments de background qui sont disséminés ça et là, laissant au joueur le loisir de les débusquer afin de saisir toute la subtilité de l'univers. Et si la première fin est atteinte au bout de quatre ou cinq heures de jeu, terminer le jeu à 100% nécessitera bien le double de temps. Le jeu dispose également d'un new game + digne de ce nom puisqu'il offrira à Gomez et au joueur, outre la possibilité de continuer l'exploration des niveaux, une nouvelle vision du monde...

QUELQUES PIXELS MORTS DANS CE BEAU TABLEAU

FEZ n'est évidemment pas exempt de défaut et on pourrait par exemple reprocher une certaine inertie au personnage (même si cela rappelle celle d'un certain plombier moustachu) ou encore ce petit cube psychédélique qui nous suit partout et qui fait office de « tuto » en nous énonçant des évidences, ce qui nuit un peu à l'immersion. Il est un autre point noir qu'il me paraît important de souligner : une énigme capitale du jeu repose sur une connaissance culturelle que les joueurs n'appartenant pas à la culture anglo-saxonne n'auront pas forcément. Cela est fort dommage car le joueur français sera obligé de rechercher un indice ou une réponse sur la Toile, sous peine d'être complètement bloqué. Pour quelqu'un qui souhaite résoudre toutes les énigmes par lui-même, cet obstacle pourra être source d'une bonne dose de frustration.

Un grand jeu
Par de nombreuses références et avec une grande maîtrise technique, Phil Fish partage sa passion des jeux vidéo en offrant une formidable démonstration de game design. Doté d'un gameplay diablement efficace et d'une bande-son maîtrisée, FEZ peut se vanter d'une réalisation de haute volée et nous propose une expérience marquante. Onirique et contemplatif, FEZ assume sa singularité et se révèle beaucoup plus profond que ce que l'on pourrait penser.

FEZ trailer

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