Test - Homesick, un puzzle-game mélancolique

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Rédigé par Avorpal, publié le 10/07/2015
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La solitude d’un homme au milieu d’un immeuble qui a souffert du passage du temps. Tout n’est que poussière et désolation, il n’y a plus âme qui vive depuis fort longtemps ici. Et notre homme lutte, quoi qu’il lui en coûte, pour vivre dans ces ruines d’une autre époque. Jusqu’au jour où un besoin de liberté l’extirpe de ce qui lui sert de lit. La rédemption viendra-t-elle à lui après toutes ces années ?

S’évader

Homesick, que l’on pourrait traduire littéralement par « le mal de chez soi », est un jeu dont le titre apporte pendant un long moment le seul indice quant au scénario. En effet, l’accueil au démarrage n’a rien de très hospitalier. Pas une ligne de dialogue, pas une explication sur qui nous incarnons ni du pourquoi du comment. Un peu à la manière de notre héros qui quasiment de bout en bout, restera muet et invisible à nos yeux, nous ressentons ce besoin de quitter les lieux. Pourtant, la quiétude de cet immeuble abandonné et cette délicate mélodie au piano devrait suffire à nous apaiser n’est-ce pas ?

Venons-en au vif du sujet. Homesick est un puzzle-game à la première personne développé par Lucky Pause qui rappellera un certain Dear Esther pour son ambiance. Nous nous réveillons dans un immeuble en ruine aux multiples portes verrouillés et dans lequel notre pire ennemi filtre à travers les fenêtres brisées : la lumière du soleil. Sans qu’elle ne nous blesse, cette dernière nous éblouit si fort qu’elle nous empêche de passer à certains endroits clés. Il faudra donc user d’astuce pour passer à la zone suivante. Sauf qu’inévitablement, nous nous retrouverons face à une impasse. La seule solution sera alors de… dormir.

L’ombre de tes rêves

L’originalité d’Homesick est de proposer deux phases d’exploration. La première, de jour, se déroule dans le calme. La musique qui accompagne les différentes salles est à la fois suffisamment discrète pour se faire oublier mais sait toutefois se faire entendre pour teinter notre traversée d’une jolie touche de mélancolie. Mais parfois, une porte restera fermée. L’objectif sera alors de trouver de l’eau pour arroser quelques fleurs, ce qui nous permettra d’avoir suffisamment sommeil pour aller se coucher. Oui, c’est un peu étrange écrit comme cela mais en jeu, nous prenons très vite nos repères et cela devient une routine.

Une fois endormis, nous plongerons dans le monde des rêves, beaucoup plus perturbant et stressant. En effet, tout le décor devient sombre et une matière noire nous absorbera (ce qui provoquera notre réveil) si nous avons le malheur de nous arrêter de marcher plus de quelques secondes. Si pendant la journée, la lumière est notre ennemi, elle sera notre chemin de traverse pendant la nuit puisque certains passages resteront plongés dans l’obscurité tant que nous n’aurons pas trouvé comment les illuminer. Et le plus important à retenir est que rêves et réalités semblent avoir un effet l’un sur l’autre…

Une tragédie cryptée

Mais comment parler de Homesick sans aborder son point central : son scénario. Tout comme Gone Home avait pu nous le proposer en son temps, Homesick ne se raconte pas à travers une narration verbale mais à travers des documents – lettres, livres, journaux etc. – à découvrir durant notre exploration. Seul problème, et de taille : ces documents sont tout bonnement illisibles car cryptés. À partir de ce moment-là, nous pouvons donc considérer que notre personnage, dont nous ignorons tout, ne sait pas lire. Heureusement, il sera possible de le lui enseigner en quelque sorte. Si de nombreuses énigmes parsèment Homesick, le décryptage des documents sera certainement la plus longue et la plus tenace à laquelle vous aurez affaire.

Question durée de vie, Homesick peut s’aborder de deux manières. Pour les plus pressés et sans tenir compte du décryptage, il peut se terminer en un peu plus de deux heures. Mais si vous vous attardez sur le background et que vous souhaitez en savoir plus sur le scénario, doublez ce temps.

Un jeu touchant
Graphiquement superbe bien que peu varié et terne (c'est l'effet voulu), Homesick est un puzzle-game au propos intelligent qui possède de multiples facettes de lecture. Rusher la fin n’a que très peu d’intérêt puisque son principal intérêt est son scénario qui est entièrement contenu dans les documents à trouver durant l’exploration. Parfois, le manque d’indications quant à nos objectifs rehausse la difficulté de manière artificielle mais après une heure de jeu, nous saisissons complètement le fonctionnement des puzzles et nous progressons plus facilement. Un excellent titre que nous propose là Lucky Pause et que nous avons apprécié autant pour ses énigmes que pour son ambiance mélancolique.

Homesick : puzzle-game et mélancolie | Indie Review (PC)

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