Comment vous proposer un test tout à fait objectif alors que je veux vous parler de Nuclear Throne ? Ce top-down shooter, dernier né du studio Vlambeer à qui l’on doit entre autres perles GungodZ, m’a conquis dès les premières secondes. Le méthode Vlambeer, c’est dépouiller un genre, le simplifier au maximum, n’en retenir que les éléments qui lui donnent toute sa saveur pour mieux le sublimer par le détail, le transcender par l’exécution parfaite. Autant vous dire que je suis rarement aussi poétique, alors ce test va peut-être tourner à la déclaration d’amour.

Au lancement, on découvre un univers en pixel-art chatoyant où l’on nous propose d’incarner un petit mutant au choix. Enfin peut-être. Nuclear Throne est avare d’explications et ne propose ni scénario, ni cinématiques, tout juste quelques phrases rigolotes (en anglais) pendant les chargements. Du coup, comme à la bonne époque, on fera travailler notre imagination pour se donner une bonne raison de partir en quête du Nuclear Throne, le but du jeu. Un "googlage" nous apprendra qu’il s’agit d’une Terre post-apo, ok, ça me va, les maps désertiques où traînent quelques débris de civilisation (voitures rouillées, vieux bidons…) s’en rapprochent vaguement. Toute la symbolique du jeu repose d’ailleurs sur le thème du nucléaire, du radioactif, tout en adoptant un parti-pris cartoon du meilleur effet et franchement rassurant par rapport à ce qu’on a pu voir dans d’autre jeux. Ca dédramatise carrément le sujet, et ça fait du bien. Une fois notre personnage sélectionné et l’immense quantité de trucs à débloquer constatée, c’est parti pour la castagne.

Le principe est simple au possible. Pour progresser, nous allons devoir nettoyer la map de tous ses occupants, manifestement plutôt vénères de nous voir débarquer à l’heure de la sieste puisqu’ils n’hésiteront pas à nous tirer dessus, nous taper dessus ou nous foncer dessus et si possible tous en même temps. A notre disposition, un pistolet, que l’on pourra bien vite remplacer par des dizaines d’armes (deux en même temps), toutes plus originales et meurtrières les unes que les autres, classées en 6 catégories en fonction de leurs munitions. Des plus classiques comme les mitraillettes, fusils à pompe ou arbalètes, aux plus barrées, genre lance-disques, marteau-piqueurs, canons lasers, mais je rajouterais même une catégorie « Va te faire mettre, Borderlands » en vous faisant saliver avec la Gatling-Bazooka ou le FAP-lance flammes. Un grand nombre de variantes est ainsi disponible, chacune ayant ses propriétés distinctes. Et je suis gentil, l’arsenal de Nuclear Throne est peut-être le plus varié proposé à ce jour par un jeu vidéo, et fait partie intégrante d’un gameplay classique, mais jouissif.

Sur des maps très courtes et très étroites, on affrontera une variété impressionnante de vilains, ayant chacun leurs propres comportements. Untel va nous courir après, un autre nous sniper comme un lâche, celui-ci tire en ligne droite, celui-là en spray, ce sale traître là-bas explose dès qu’il meure… Tous ces patterns se retrouvent souvent mélangés pour bien nous mettre la pression, charge à nous de tous les apprendre par cœur pour riposter de manière adéquate. Si il est possible d’y aller prudemment en les tuant l’un après l’autre, cela demande un temps considérable du fait de leur agressivité, et après s’être adapté aux contrôles parfaits du jeu (clavier-souris pour moi, le gamepad étant légèrement moins pratique), on préférera se jeter joyeusement dans la mêlée pour enchaîner des bastons survoltées d’une intensité rarement vue ailleurs. Dès lors, Nuclear Throne propose une expérience épique entre bullet-hell et beat’em all. Il nous faut mobiliser toute notre concentration pour rester en vie, les taquets d’hp et d’ammo descendent à une vitesse complètement dingue, on dézinguera la moitié du troupeau en zigzaguant héroïquement entre les balles et les explosions, on changera d’arme toutes les dix secondes puis on crèvera, bêtement, en essayant de chopper ce medi-pack qui au final, était trop proche de cette bagnole explosive. Oups. Retour à la case départ. Une run complète dure vingt minutes. Les vingt minutes les plus longues de toute votre vie.

Et on recommencera. Jusqu’à l’atteindre, ce Nuclear Throne. Et encore après, pour tout débloquer. Parce que Nuclear Throne est un jeu d’action simple, mais généreux. Parce que les montées de niveaux se font sous formes de mutations qui changent parfois radicalement le gameplay. Parce que tous les mutants ont des caractéristiques différentes qui proposent, presque à chaque fois, une nouvelle expérience de jeu. Parce que le screenshake, cet effet (réglable) qui fait trembler l’écran à chaque coup de feu, procure un feedback qui enterre n’importe quel FPS moderne. Parce que l’arsenal nous fait de l’œil et parce que la satisfaction de nettoyer complètement une map dans cette danse de la mort est magique et incomparable. Parce que l’humour made in Vlambeer et la musique fantastique de Jukio "Kozilek" Kallio achèvent de poser une ambiance de festival post-apocalyptique complètement déjantée. Il en faut peu pour être heureux. Il faut Nuclear Throne.

Nuclear Throne aurait pu n’être qu’un shooter parmi tant d’autres, mais voilà: Vlambeer est définitivement un développeur d’exception, un ovni qui sait synthétiser une formule pour l’exacerber. Généreux, parfaitement exécuté, jouissif et doté d’une ambiance magique, Nuclear Throne est une perle, un jeu comme on aimerait en voir plus souvent, un simple pan-pan boum-boum mais d’une classe et d’une finesse incroyables. Doté d’un style original et d’une bande-son mémorable, il se range d’ors et déjà sur l’étagère des titres cultes, pile entre Serious Sam et Metal Slug. Chapeau les gars, c’est la totale.