Test - Obduction : le nouveau myst-like parvient-il à renouveler la recette ?

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Rédigé par Avorpal, publié le 08/09/2016, modifié le 14/09/2016
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Depuis la sortie de Myst en 1993, le jeu d’aventure à la première personne a connu un succès retentissant auprès des joueurs férus d’énigmes alambiquées, notamment pendant les années 90. Après cette période un peu folle où le summum de l’éclate était de noircir de symboles et de chiffres des post-it jaunes pour tenter de finir ici un Riven, là un Atlantis, la hype est quelque peu retombée. Le point’n click au sens large est passé de mode pour être remplacé par des jeux davantage tournés sur l’action. Mais ça, c’était avant que le jeu vidéo indépendant ne se décide à ressortir le genre du placard pour lui redonner ses lettres de noblesses. Si ces dernières années, un nombre hallucinant de point’n click sont sortis du côté des indé, c’est en octobre 2013 que la boucle a été quelque part bouclée puisque le studio Cyan, créateur de Myst et de Riven, lance un Kickstarter. L’objectif : financer Obduction, son nouveau jeu d’aventure à la première personne qui se poste à la croisée des mécaniques traditionnelles et d’une modernité nécessaire pour espérer séduire un public large. Mais les créateurs du myst-like sauront-ils dépasser leurs anciens succès ?

Bienvenue « étranger »

Les jeux frappés du sceau Cyan ont presque tous un point commun : celui de plonger le joueur dans un monde inconnu, exotique et énigmatique en lui faisant incarner un avatar dénué de personnalité. Dans Obduction, c’est également le cas puisque excepté le fait de pouvoir choisir le sexe de son personnage – qui ne sera visible que via ses ombres projetées – nous ne savons rien de celui ou celle que nous dirigeons. La seule certitude que nous avons est que ce personnage a été accidentellement expédié sur Hunrath, un monde extra-terrestre et surtout, qu’il n’est pas le seul être humain sur place. Une question subsiste cependant : où diable sont-ils tous passés ?

Les premiers pas dans Obduction sont assez perturbants pour qui n’a pas l’habitude des productions Cyan. Hormis quelques cristaux rouges qui nous projettent l’hologramme de certains de ces humains avant leur disparition, aucun indice ne nous est fourni sur la marche à suivre. Ici et là, nous découvrons une vanne, un interrupteur mais le constat est simple : nous ne savons pas ce que nous devons faire. Heureusement, assez rapidement, nous rencontrons Cecil, un homme qui semble en ces lieux depuis très longtemps et qui reste enfermé derrière une porte blindée munie d’un haut-parleur et d’un hublot. Sans rentrer dans les détails, Cecil nous explique bon gré mal gré qu’il existe quatre arbres pour quatre mondes et que pour espérer retourner sur Terre, il vaudra tous les connecter en les abreuvant d’eau. Bien entendu, ne vous attendez pas à une grande aide de la part de cet homme qui restera tranquillement roupiller chez lui tandis que vous vous taperez tout le boulot.

De sublimes paysages

Un premier constat : Obduction est beau, très beau. Chacun des mondes visités tranche avec les trois autres, tant au niveau de son level design que de son ambiance. Il n’est pas rare de se surprendre à admirer le paysage et à l’immortaliser grâce à un système de prise de photographies intégré au jeu. Mais si vous avez lancé Obduction, ce n’est pas seulement pour ses beaux yeux mais pour résoudre quelques grosses énigmes n’est-ce pas ? Rassurez-vous, le challenge proposé par Obduction sera à la hauteur de vos espoirs. Afin de parvenir à l’une des deux fins, vous allez devoir cogiter sec ! Dans l’ensemble, les énigmes rencontrées sont assez bien équilibrées et demanderont avant tout un sens de l’orientation, de l’observation et beaucoup de logique plutôt qu’un doctorat en physique quantique.

Seul bémol : passé la moitié du jeu, Obduction abuse d’une mécanique lors de ses puzzles, celle de la téléportation. En effet, vous trouverez régulièrement des sphères qui une fois activées, vous expédieront vers un des trois autres mondes, emportant avec vous un morceau de la zone dans laquelle vous vous trouvez. C’est sur point précis que repose bons nombres d’énigmes vers la fin du jeu. D’un côté, le manque de diversité se fera fatalement ressentir et de l’autre, nous en finissons même par maudire ces sphères. Explications.

Une optimisation qui pèche

Pour parler très rapidement configuration, ce test a été réalisé sur un Intel Core i7 4790K doté d’une GeForce GTX 970 et de 16GB de RAM. Soit une machine correcte faisant tourner facilement la plupart des jeux sortis cette année. Le problème rencontré avec Obduction est que le passage d’un monde à l’autre via la téléportation entraine des temps de chargement allant de 3 secondes à plus de 10 secondes. Si au début, le besoin de se téléporter est suffisamment espacé pour nous faire oublier ce désagrément, il arrive par la suite qu’une énigme – celle du labyrinthe notamment – repose sur l’utilisation consécutive de ces sphères.

Ainsi, au lieu d’avoir à faire face à un puzzle complexe et juste, nous enchainons les téléportations aux temps de chargement infinis entrecoupé de marche à pied. On repassera pour l’amusement sachant que même en écartant ce désagrément, ces passages nous ont paru peu inspirés contrairement au reste du jeu. Une déception qui ne plombe pas la totalité du jeu mais qui est à prendre en compte avant de passer à l’achat.

Un level design ingénieux

Malgré tout, Obduction reste très plaisant. Son level design, rappelant particulièrement Dark Souls 1 et 3, est suffisamment bien goupillé pour nous permettre d’ouvrir des raccourcis à certains endroits clés afin d’y revenir plus facilement par la suite. Côté ambiance, la direction artistique, variée et inspirée, se combine à merveille à la musique d’ambiance (dont nous vous parlions dans un article consacré) et nous assure de passer un excellent moment sachant que derrière ce joli enrobage se cache un scénario subtile qui ne se dévoilera qu’à travers les notes découvertes à droite à gauche et nos propres déduction.

Bonus : il existe deux fins – trois si l’on compte une mort prématurée de notre personnage à mi-parcours – toutes très différentes et qui concluent de manière radicalement différente Obduction avec une bonne et une mauvaise chute. Seule déception : ce ne sont pas nos actions durant le jeu qui détermineront la fin à laquelle nous avons le droit mais à une petite manipulation à faire ou non dans la toute dernière ligne droite de l’aventure.

Prenant mais…
Obduction a de nombreux arguments en sa faveur : une direction artistique de haute volée, une ambiance folle, de l’énigme bien pensée dans l’ensemble… Malheureusement, la fin du jeu est gâtée par la pénibilité de son système de téléportation qui, inclus dans certains puzzles, rend l’exercice lourd et ennuyeux. Et puisque Obduction semble mal optimisé, il est fort possible que vous deviez subir de longs, très longs temps de chargement lorsque vous passez d’un monde à l’autre. Ceci dit, si vous êtes nostalgique des bons point’n click à la première personne, vous devriez y trouver votre compte puisque dans l’ensemble, Obduction se laisse apprécier et ne rougit pas de la comparaison avec ses prédécesseurs de la saga Myst du même studio.

Obduction Teaser Trailer

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