Juste pour info : un auteur BD n'est pas rémunéré seulement sur les ventes mais par avance sur droit.
L'éditeur va payer environ 100 à 200 euros la page pendant la création de l'ouvrage.
A la sortie de celui-ci, l'éditeur commencera à se rembourser l'avance sur le pourcentage de l'auteur (8%).
Quand l'éditeur a fini de se rembourser l'avance, l'auteur commence à toucher ses droits d'auteur.
Donc même si les ventes sont catastrophiques l'auteur garde l'avance qui lui aura permis de vivre durant la réalisation de l'album.
Concernant le cas présent, c'est le choix de l'auteur, motivé par sa philosophie du libre.
Il s'y retrouve avec ses patrons donc tant mieux.
Mais l'éditeur se retrouve avec un livre quasiment gratuit, ce qui est pas top vis à vis des autres auteurs... mais c'est un autre problème.
Je ne suis pas dans le milieu de la BD, mais gagner plus de 2200€/mois (brut j'imagine) pour faire une BD, de ce que j'ai pu lire un peu partout, c'est plutôt pas mal non ???
Le fait de ne pas demander une rémunération lors des ventes de l'album lui permet de toucher 350€ de plus par mois par l'éditeur, et ça quel que soit les ventes, bonnes ou mauvaises...
S'il ne gagnait pas autant via Patreon, peut-être qu'il n'aurait pas opter pour un système libre, mais en l’occurrence, j'ai l'impression qu'il a raison ?
Juste pour nuancer un peu :
- L'éditeur n'est pas obligé de rester ad vitam æternam sur le Patreon, il peut se retirer quand il le souhaite. Donc les $350 de plus, ne sont pas vraiment garantis. Il faudra vérifier si l'éditeur joue le jeu jusqu'au bout. Bien sûr si les ventes sont faibles, il ne faudra pas s'attendre à ce que l'éditeur continue longtemps.
- 2,297 dollars, et c'est effectivement le "brut" (je suppose que c'est déclaré comme un revenu normal, donc il faudra retirer les cotisations sociales et autres frais). Par contre les frais liés à la transaction et la commission de Patreon ont déjà été prise en compte dans ce montant. Je ne sais pas combien gagnent les auteurs de BD en moyenne, surtout rapporté à un revenu mensuel (ce n'est à priori pas aussi simple dans le cadre d'une publication classique).
- Sa philosophie du libre est venue avant le "succès" (relatif) du Patreon. Il n'a pas commencé direct à $2000+ hein
Votre principale crainte est en fait de voir d'autres éditeurs se lancer dans ce genre d'initiative, qui priverait alors les auteurs de BD d'un réel revenu ?
je conçois tout à fait que cette philosophie ne peut être bonne à grande échelle, mais il faut savoir que cela se fait depuis bien longtemps déjà, et dans la plupart des milieux artistiques...
Que cela soit dans le cinéma, l'animation, la musique, etc... Luc Besson a lancé un "concours" par exemple pour trouver des artistes en dessin (il me semble) qui aurait leur oeuvre dans son dernier film, mais ne seront pas rémunéré car ça leur fera de la pub. Ceci est un exemple parmi tant d'autres, lorsque la demande et très faible par rapport à l'offre...
En musique ou en graphisme, il existe beaucoup de sites proposant des assets gratuits (ou à moindre coût) et libres de droits, qui fausse la donne et ne permet pas à une majorité d'artistes de s'en sortir avec un tarif convenable leur permettant d'en vivre...
Peut-être est-ce la raison pour laquelle David Revoy à opter pour l'option Patreon ?
Difficile de dire si ça peut se généraliser... Probablement pas.
Mais c'est une idée, non ?
Un futur où tous les auteurs sont payés par patreon et où les éditeurs piochent des albums qu'il font publier quasiment sans compensation financière car :
- les auteurs gagnent déjà assez avec leurs patrons
- ça leur fera de la pub
Mais peut-être que les éditeurs aussi font des cauchemars dans lesquels tous les auteurs sont devenus auto-éditeurs, héhé.
J'ai toujours un peu de mal avec l'idée de laisser ses œuvres, dont on permet l'accès et la diffusion gratuite, libres d'être utilisées par d'autre à des fins commerciales (du moins dés qu'on sort d'assets graphiques ou sonores basiques).
Après évidement (heureusement!) les auteurs font bien ce qu'il veulent.
Mais c'est à mon sens une vision quelque peu idéaliste (pour ne pas dire naïve) des choses. Assez logique qu'un éditeur se jette dans la brèche, c'est une belle aubaine pour lui. Tant mieux si David Revoy peut se permettre, grâce à son Patreon, de ne pas trop se préoccuper de ce genre de considération, mais ça n’empêche pas qu'au final l'éditeur se sucre tranquillement sur le dos de l'auteur.
Cependant, dans le cadre d'un contrat d'édition classique, Glénat n'aurait-il pas exigé les droits exclusif d'exploitation commerciale ? N'aurait-il pas non plus exigé de revoir la licence (pour les futurs travaux) pour une licence plus restrictive afin d'empêcher l'exploitation commerciale (ou pas) par d'autres entités ? L'auteur aurait-il pu continuer à partager les sources librement sur son dépôt Git ? Aurait-il pu continuer à profiter des dons pour ses BDs ?
Je ne vois pas pourquoi tu imagines toutes ces limitations comme inhérentes à un contrat d'édition. Tout ça doit largement être soumis à entente et négociation, et de toute façon je ne vois pas en quoi l'éditeur aurait par exemple son mot à dire sur des sources de revenus autres de l'auteur comme Patreon.
Et tu parles de "contrat d'édition classique", mais dans le cas qui nous concerne il n'y a AUCUN contrat d'édition, puisque la licence CC-By fait que Glénat est libre de publier Pepper & Carrot et d'en faire de l'argent sans avoir à demander quoi que ce soit à l'auteur (ni même à l'informer), tant que ce dernier est clairement indiqué !
Évidemment en l'occurrence Glénat a pris contact avec David Revoy et plus ou moins sollicité son approbation, tout en finançant son Patreon (à des niveaux qui ne représentent rien pour l'éditeur, et qui ne l'engage à rien sur la durée) histoire de soigner son image et d'éviter toute réaction de personnes qui auraient pu voir sinon un éditeur piller le travail d'un auteur.
Le mieux du mieux dans l'affaire c'est que du coup David Revoy publie un large article enthousiaste sur l'arrivée de cette publication, et du coup, en plus d'en fournir gratuitement le matériau original et la communauté de lecteurs fidèles, il en fait gratuitement une publicité la plus crédible qu'on puisse imaginer, bref triple aubaine pour l'éditeur qui n'a plus qu'à ouvrir son porte-feuille et attendre que les billets rentrent...
On peut voir aussi que la publication par Glénat va dans l'autre sens faire de la pub à l'auteur, mais j'ai un doute qu'une grande partie du publique qui découvrira la BD par ce biais aille ensuite venir soutenir le Patreon, puisqu'ils auront l'impression d'avoir DÉJÀ payer pour la BD en l'achetant. D'autant que Glénat n'est pas tenu de préciser sur les BD vendus qu'aucun argent de la vente n'est reversé à l'auteur ; moins encore de préciser que la BD est par ailleurs disponible gratuitement sur le site de l'auteur ; et pas plus que pour soutenir l'auteur une campagne de financement Patreon existe. À voir comment Glénat communiquera sur ces points. Il pourrait quand même trouver un intérêt à le faire, pour se donner une bonne image de mécène et donner confiance tant aux lecteurs qu'à d'éventuel futurs auteurs de travaux sous licence CC que l'éditeur pourrait par l'avenir publier. Ça sent quand même le coup d'essai pour ouvrir la voie (si l'initiative porte ses fruits) à d'autres publications de ce genre.
Je parle de contrat d'édition classique, parce qu'on comparait les revenus qu'aurait dû payer Glénat à l'auteur pour la vente de ces 10k exemplaires dans le cadre d'un parcours classiques chez un éditeur (où l'auteur a bien sa part dans le lot).
Quant aux limitations, note qu'ils s'agit de questions, oui, il y a entente et négociation, mais justement, si on réfléchit dans le cadre d'un contrat d'édition classique, Glénat aurait-il accepté ce type de fonctionnement ouvert ? Encore une fois, ce sont des questions, pas des affirmations. Je ne connais à priori aucune BD actuellement publiée chez un grand éditeur et qui permette à son auteur de balancer les fichiers sources des travaux publiés et autorises les gens à faire "ce qu'ils veulent" avec. Après, peut-être que je me trompe.
Sinon pour info, la page de précommande de la BD par Glénat existe déjà : http://www.glenatbd.com/bd/pepper-et-carrot-tome-1-9782344017258.htm
La description indique au moins l'origine de la BD, après il n'y a pas de lien direct vers le site de la BD, mais c'est pas compliqué de le retrouver une fois que tu connais le titre de la BD et son auteur. Pour le contenu de la BD elle-même, je ne sais pas si Glénat parle directement de la gratuité de la version originale.
Après ils sont tenus d'inclure une page explicitant la licence CC-By ainsi que la liste des auteurs et contributeurs. Ils doivent normalement aussi inclure un lien vers le media d'origine (depuis le site de Creative Commons, concernant les crédits : "If supplied, you must provide the name of the creator and attribution parties, a copyright notice, a license notice, a disclaimer notice, and a link to the material.").
Ce n'est pas forcément une page "intéressante" et donc ne sera peut-être pas lue par tout le monde, mais au moins, ça sera présent.
Après, oui bien sûr, tous les lecteurs de la BD papier ne se transformeront pas en contributeurs réguliers même si on leur montre le site et le Patreon.
Mais ce n'est en rien nouveau à la situation actuelle : les lecteurs de la BD gratuite en ligne ne sont pas tous contributeurs non plus. "Pourquoi payer alors que j'ai accès à tout gratuitement ?"
Ce n'est donc pas une problématique nouvelle pour le projet, par contre si tu augmentes la visibilités et le nombre de lecteurs, tu augmentes le potentiel de "backers".
Sinon oui, c'est une expérience, c'est clairement indiqué dans le billet de blog, et évidemment si ça se passe bien, Glénat aura toutes les raisons de retenter l'expérience, mais encore faut-il trouver d'autres auteurs qui publient leur travaux sous une licence libre et commercialement permissive. Et ça déjà, ça ne court pas les rues.
Quant aux limitations, note qu'ils s'agit de questions
Oui, mais je trouve que ta liste sous-entend des contraintes fortes qui n'ont pour certaines simplement aucune raison d'exister en réalité (notamment la possibilité de poursuivre un financement par don), ou que tu sembles ne pas considérer que si l'éditeur veut étendre son exclusivité des droits au-delà du simple matériel publié, bah ça se monnaie, donc l'auteur n'a pas de raison d'en sortir perdant (si il négocie correctement ... évidemment après on peut discuter du caractère équitable d'une négociation entre un éditeur dont c'est le métier et qui connait parfaitement toutes les implications de chaque clause, et l'auteur qui ne sera pas forcément à l'aise sur le sujet, mais on sort du cadre ).
Mais là en l’occurrence c'est encore plus simple : AUCUN contrat, simplement l'éditeur peut se faire autant d'argent qu'il veut sur l’œuvre de l'auteur sans avoir rien à lui devoir, autre que mentionner sa paternité.
Mais ce n'est en rien nouveau à la situation actuelle : les lecteurs de la BD gratuite en ligne ne sont pas tous contributeurs non plus. "Pourquoi payer alors que j'ai accès à tout gratuitement ?"
Bah si, c'est nouveau à plus d'un titre je trouve :
les lecteurs de la BD papiers ne seront PAS sur le site de David Revoy, qui lui fait le lien naturel vers le Patreon et explique clairement la situation de l'auteur et de ses publications
si déjà les lecteurs web contribuent peu (en proportion) car "pourquoi payer alors que j'ai accès à tout gratuitement ?" à ton avis qu'en sera-t-il de ceux qui auront ACHETÉ la BD et qui qui en seront à la question "pourquoi payer pour quelque chose que j'ai DÉJÀ payé ?".
ils sont tenus d'inclure une page explicitant la licence CC-By ainsi que la liste des auteurs et contributeurs. Ils doivent normalement aussi inclure un lien vers le media d'origine
A savoir si ce sera un court paragraphe écrit tout petit en bas d'une page blanche, comme les copyrights que personne ne lit jamais en première ou dernière page de tous les bouquins, ou une grande page attrayante qui fera une vraie publicité pour l'auteur, sa source de financement, et expliquant le rôle de Glénat dans l'histoire.
Après le pitch de la BD, on trouve le classique paragraphe sur l'auteur que PERSONNE ne lit jamais, et qui est tout en manipulation :
"David Revoy a développé à l’origine un webcomic libre, gratuit et open-source, financé directement par ses lecteurs."
Ok, tout est bien dit, sauf qu'on peut avoir l'impression que si le projet était initialement un webcomic financé par par les dons des lecteurs, la publication actuelle est plus ambitieuse et (logiquement?) financée par Glénat ! (au niveau de la production artistique je veux dire, donc peut largement donner l'impression que l'auteur est à présent rémunéré par voie d'édition) Cela n'est pas plus dit, mais comme c'est comme ça que cela fonctionne habituellement, pourquoi un lecteur non initié imaginerait le contraire ?
"Avec Glénat, ce projet original parait pour la première fois en livre, initiant une série d’albums au prix très attractif : 80 pages de BD pour moins de 10 euros !"
Bon au final, merci Glénat de nous offrir en exclusivité cette publication, en plus à un tarif super attractif !
Oui, ya bien le "ce projet original" qui est sensé préciser que c’est bien le webcomic gratuit qui est ici édité, mais franchement, au milieu de toute cette belle rhétorique marketing, qui retiendra de la lecture de ce discours de présentation "Ah, mais en fait je peux lire l'intégralité de ces 80 pages gratuitement sur internet ?".
Et pire : qui pensera un instant qu'en achetant la BD il ne soutiendra pas lui aussi l'auteur ?...
Quant au lien vers le webcomic, Glénat a là encore soigné les choses : pas de lien direct depuis la page sur Pepper & Carrot, en revanche un lien sur le nom de l'auteur. Et quand on clique dessus, on n'arrive non pas sur le site de David Revoy ... mais sur une page du site Glénat présentant l'auteur ... comme si c'était un auteur maison, quoi ! Et en bas de présentation (attention les yeux!) : "Découvrez son portfolio sur : www.davidrevoy.com"
Donc ce lien renverrait simplement vers son potfolio, plus mention de webcomic (gratuit) nul part....
(même si certes le portfolio mène au webcomic, mais faut avouer que y'a des circonvolutions bien faites pour limiter sciemment l'accès à l'information)
il n'y a pas de lien direct vers le site de la BD, mais c'est pas compliqué de le retrouver une fois que tu connais le titre de la BD et son auteur
Ce n'est certes pas "compliqué", mais faut pas être naïf : déjà que dans le web d'aujourd'hui, quand tu mentionnes explicitement un lien mais en version "non cliquable" tu peux être sûr que quasi personne ne fera l'effort de le copier dans l'adresse de son navigateur, qui penses-tu ira chercher par lui-même la page du webcomic, a fortiori si tout est fait pour que cela ne lui vienne pas à l'esprit ?
Bah si, c'est nouveau à plus d'un titre :
- les lecteurs de la BD papiers ne seront PAS sur le site de David Revoy, qui lui fait le lien naturel vers le Patreon et explique clairement la situation de l'auteur et de ses publications
- si déjà les lecteurs web contribuent peu (en proportion) car "Pourquoi payer alors que j'ai accès à tout gratuitement ?" à ton avis qu'en sera-t-il de ceux qui auront ACHETÉ la BD et qui qui en seront à la question "pourquoi payer alors que j'ai DÉJÀ payé ?".
Cela ne change rien pour le Patreon, il existait avant l'arrivée de Glénat, il existera après, il aurait existé même si Glénat n'était pas venu.
Tout utilisateur qui sera curieux et cherchera Pepper & Carrot sur le net parce qu'il a lu la BD papier est un contributeur potentiel en plus.
Quand à la question "pourquoi payer alors que j'ai déjà payé ?", pose la question aux patrons actuels, dont certains repayent tous les mois et ont certainement déjà dépassé le prix du tome 1 (qui regroupera les 11 premiers chapitres, alors que sur le Patreon, tu payes par chapitre (1 par mois)).
Ça peut être difficile à croire, mais ça existe !
A savoir si ce sera un cours paragraphe écrit tout petit en bas d'une page blanche, comme les copyright que personne ne lit jamais en première ou dernière page de tous les bouquins, ou une grande page attrayante qui fera une vraie publicité pour l'auteur, sa source de financement, le rôle de Glénat dans l'histoire.
L'auteur ayant reviewé et validé le prototype, je pense qu'il a du considérer les crédits suffisants. Surtout qu'il a réagi à un Kickstarter qui avait pour projet de publier une version papier en anglais, mais qui ne citaient correctement pas tous les contributeurs (à partir de l'épisode 3, David Revoy n'est plus seul à s'occuper de la traduction anglaise, et au delà, ce n'est plus lui qui s'en occupe du tout), linkait la mauvaise version de la licence CC-By (3.0 au lieu de la 4.0) et n'indiquait pas que les artworks avaient été modifiés. Vu comment il a été tatillon sur les détails, j'ose espérer qu'il ait fait preuve de la même sévérité dans le cas de Glénat.
Certes, mais là on parlait il me semble de l'éventuelle contre-partie que pourrait y trouver l'auteur, en terme de publicité, et donc d'éventuel nouveaux financements. Il me semble évident que l'apport sera complètement marginal, surtout vue la tournure que prend la communication du coté de Glénat.
Bien sûr, je peux me gourer complètement !
Une façon "simple" d'avoir un aperçu de la chose, ça peut être de regarder l'évolution de son Patreon : 2.297 $ à l'heure d'aujourd'hui. On pourra regarder à combien il s'élève à distance de la publication de la version papier.
L'auteur ayant reviewé et validé le prototype, je pense qu'il a du considérer les crédits suffisants.
En même temps il n'a pas vraiment son mot à dire.
Glénat n'est tenu à rien d'autre que le minimum syndical sur l'auteur (et co-auteurs) et la mention de la licence CC. Et autant dire que David Revoy serait bien mal intentionné de se plaindre si la façon dont les choses étaient présentées ne lui convenaient pas puisque c'est peu dire qu'il a sciemment décidé de publier son travail sous licence "CC-By". Qu'il ait mis court à un kickstarter parce que les mentions étaient fausses ou incomplètes, là pas de soucis, mais ça n'a rien à voir.
Glénat a pris contact avec David Revoy pour faire bonne figure et donner l'impression d'être des gars cool et respectueux de son travail, ce qui a d'ailleurs été payant puisque ça a mené l'auteur à publier un long mot enthousiaste et bienveillant ce qui lui fait on ne peut meilleure pub à l'initiative de l'éditeur, mais c'est juste du marketing au final, ils n'étaient tenu à rien à ce niveau tant qu'ils restaient carré sur le respect de la licence. Et c'est bien ce qui personnellement me gène.
Quand à la question "pourquoi payer alors que j'ai déjà payé ?", pose la question aux patrons actuels, dont certains repayent tous les mois et ont certainement déjà dépassé le prix du tome 1 (qui regroupera les 11 premiers chapitres, alors que sur le Patreon, tu payes par chapitre (1 par mois)).
Ça peut être difficile à croire, mais ça existe !
J'avoue que j'ai pas compris à quoi tu faisais référence.
M'enfin, là on parle du consommateur, pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit de transposable.
Juste pour info : un auteur BD n'est pas rémunéré seulement sur les ventes mais par avance sur droit.
L'éditeur va payer environ 100 à 200 euros la page pendant la création de l'ouvrage.
A la sortie de celui-ci, l'éditeur commencera à se rembourser l'avance sur le pourcentage de l'auteur (8%).
Quand l'éditeur a fini de se rembourser l'avance, l'auteur commence à toucher ses droits d'auteur.
Donc même si les ventes sont catastrophiques l'auteur garde l'avance qui lui aura permis de vivre durant la réalisation de l'album.
Concernant le cas présent, c'est le choix de l'auteur, motivé par sa philosophie du libre.
Il s'y retrouve avec ses patrons donc tant mieux.
Mais l'éditeur se retrouve avec un livre quasiment gratuit, ce qui est pas top vis à vis des autres auteurs... mais c'est un autre problème.
Juste pour nuancer un peu :
- L'éditeur n'est pas obligé de rester ad vitam æternam sur le Patreon, il peut se retirer quand il le souhaite. Donc les $350 de plus, ne sont pas vraiment garantis. Il faudra vérifier si l'éditeur joue le jeu jusqu'au bout. Bien sûr si les ventes sont faibles, il ne faudra pas s'attendre à ce que l'éditeur continue longtemps.
- 2,297 dollars, et c'est effectivement le "brut" (je suppose que c'est déclaré comme un revenu normal, donc il faudra retirer les cotisations sociales et autres frais). Par contre les frais liés à la transaction et la commission de Patreon ont déjà été prise en compte dans ce montant. Je ne sais pas combien gagnent les auteurs de BD en moyenne, surtout rapporté à un revenu mensuel (ce n'est à priori pas aussi simple dans le cadre d'une publication classique).
- Sa philosophie du libre est venue avant le "succès" (relatif) du Patreon. Il n'a pas commencé direct à $2000+ hein
Votre principale crainte est en fait de voir d'autres éditeurs se lancer dans ce genre d'initiative, qui priverait alors les auteurs de BD d'un réel revenu ?
je conçois tout à fait que cette philosophie ne peut être bonne à grande échelle, mais il faut savoir que cela se fait depuis bien longtemps déjà, et dans la plupart des milieux artistiques...
Que cela soit dans le cinéma, l'animation, la musique, etc... Luc Besson a lancé un "concours" par exemple pour trouver des artistes en dessin (il me semble) qui aurait leur oeuvre dans son dernier film, mais ne seront pas rémunéré car ça leur fera de la pub. Ceci est un exemple parmi tant d'autres, lorsque la demande et très faible par rapport à l'offre...
En musique ou en graphisme, il existe beaucoup de sites proposant des assets gratuits (ou à moindre coût) et libres de droits, qui fausse la donne et ne permet pas à une majorité d'artistes de s'en sortir avec un tarif convenable leur permettant d'en vivre...
Peut-être est-ce la raison pour laquelle David Revoy à opter pour l'option Patreon ?
Compositeur (et sound designer)
Soundcloud : https://soundcloud.com/sam-oz
Twitter : ]]>https://twitter.com/SamOz_official]]>
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCPFZWqjL6DR-GT0CUsoJFvQ
Difficile de dire si ça peut se généraliser... Probablement pas.
Mais c'est une idée, non ?
Un futur où tous les auteurs sont payés par patreon et où les éditeurs piochent des albums qu'il font publier quasiment sans compensation financière car :
- les auteurs gagnent déjà assez avec leurs patrons
- ça leur fera de la pub
Mais peut-être que les éditeurs aussi font des cauchemars dans lesquels tous les auteurs sont devenus auto-éditeurs, héhé.
J'ai toujours un peu de mal avec l'idée de laisser ses œuvres, dont on permet l'accès et la diffusion gratuite, libres d'être utilisées par d'autre à des fins commerciales (du moins dés qu'on sort d'assets graphiques ou sonores basiques).
Après évidement (heureusement!) les auteurs font bien ce qu'il veulent.
Mais c'est à mon sens une vision quelque peu idéaliste (pour ne pas dire naïve) des choses. Assez logique qu'un éditeur se jette dans la brèche, c'est une belle aubaine pour lui. Tant mieux si David Revoy peut se permettre, grâce à son Patreon, de ne pas trop se préoccuper de ce genre de considération, mais ça n’empêche pas qu'au final l'éditeur se sucre tranquillement sur le dos de l'auteur.
Je ne vois pas pourquoi tu imagines toutes ces limitations comme inhérentes à un contrat d'édition. Tout ça doit largement être soumis à entente et négociation, et de toute façon je ne vois pas en quoi l'éditeur aurait par exemple son mot à dire sur des sources de revenus autres de l'auteur comme Patreon.
Et tu parles de "contrat d'édition classique", mais dans le cas qui nous concerne il n'y a AUCUN contrat d'édition, puisque la licence CC-By fait que Glénat est libre de publier Pepper & Carrot et d'en faire de l'argent sans avoir à demander quoi que ce soit à l'auteur (ni même à l'informer), tant que ce dernier est clairement indiqué !
Évidemment en l'occurrence Glénat a pris contact avec David Revoy et plus ou moins sollicité son approbation, tout en finançant son Patreon (à des niveaux qui ne représentent rien pour l'éditeur, et qui ne l'engage à rien sur la durée) histoire de soigner son image et d'éviter toute réaction de personnes qui auraient pu voir sinon un éditeur piller le travail d'un auteur.
Le mieux du mieux dans l'affaire c'est que du coup David Revoy publie un large article enthousiaste sur l'arrivée de cette publication, et du coup, en plus d'en fournir gratuitement le matériau original et la communauté de lecteurs fidèles, il en fait gratuitement une publicité la plus crédible qu'on puisse imaginer, bref triple aubaine pour l'éditeur qui n'a plus qu'à ouvrir son porte-feuille et attendre que les billets rentrent...
On peut voir aussi que la publication par Glénat va dans l'autre sens faire de la pub à l'auteur, mais j'ai un doute qu'une grande partie du publique qui découvrira la BD par ce biais aille ensuite venir soutenir le Patreon, puisqu'ils auront l'impression d'avoir DÉJÀ payer pour la BD en l'achetant. D'autant que Glénat n'est pas tenu de préciser sur les BD vendus qu'aucun argent de la vente n'est reversé à l'auteur ; moins encore de préciser que la BD est par ailleurs disponible gratuitement sur le site de l'auteur ; et pas plus que pour soutenir l'auteur une campagne de financement Patreon existe. À voir comment Glénat communiquera sur ces points. Il pourrait quand même trouver un intérêt à le faire, pour se donner une bonne image de mécène et donner confiance tant aux lecteurs qu'à d'éventuel futurs auteurs de travaux sous licence CC que l'éditeur pourrait par l'avenir publier. Ça sent quand même le coup d'essai pour ouvrir la voie (si l'initiative porte ses fruits) à d'autres publications de ce genre.
Je parle de contrat d'édition classique, parce qu'on comparait les revenus qu'aurait dû payer Glénat à l'auteur pour la vente de ces 10k exemplaires dans le cadre d'un parcours classiques chez un éditeur (où l'auteur a bien sa part dans le lot).
Quant aux limitations, note qu'ils s'agit de questions, oui, il y a entente et négociation, mais justement, si on réfléchit dans le cadre d'un contrat d'édition classique, Glénat aurait-il accepté ce type de fonctionnement ouvert ? Encore une fois, ce sont des questions, pas des affirmations. Je ne connais à priori aucune BD actuellement publiée chez un grand éditeur et qui permette à son auteur de balancer les fichiers sources des travaux publiés et autorises les gens à faire "ce qu'ils veulent" avec. Après, peut-être que je me trompe.
Sinon pour info, la page de précommande de la BD par Glénat existe déjà : http://www.glenatbd.com/bd/pepper-et-carrot-tome-1-9782344017258.htm
La description indique au moins l'origine de la BD, après il n'y a pas de lien direct vers le site de la BD, mais c'est pas compliqué de le retrouver une fois que tu connais le titre de la BD et son auteur. Pour le contenu de la BD elle-même, je ne sais pas si Glénat parle directement de la gratuité de la version originale.
Après ils sont tenus d'inclure une page explicitant la licence CC-By ainsi que la liste des auteurs et contributeurs. Ils doivent normalement aussi inclure un lien vers le media d'origine (depuis le site de Creative Commons, concernant les crédits : "If supplied, you must provide the name of the creator and attribution parties, a copyright notice, a license notice, a disclaimer notice, and a link to the material.").
Ce n'est pas forcément une page "intéressante" et donc ne sera peut-être pas lue par tout le monde, mais au moins, ça sera présent.
Après, oui bien sûr, tous les lecteurs de la BD papier ne se transformeront pas en contributeurs réguliers même si on leur montre le site et le Patreon.
Mais ce n'est en rien nouveau à la situation actuelle : les lecteurs de la BD gratuite en ligne ne sont pas tous contributeurs non plus. "Pourquoi payer alors que j'ai accès à tout gratuitement ?"
Ce n'est donc pas une problématique nouvelle pour le projet, par contre si tu augmentes la visibilités et le nombre de lecteurs, tu augmentes le potentiel de "backers".
Sinon oui, c'est une expérience, c'est clairement indiqué dans le billet de blog, et évidemment si ça se passe bien, Glénat aura toutes les raisons de retenter l'expérience, mais encore faut-il trouver d'autres auteurs qui publient leur travaux sous une licence libre et commercialement permissive. Et ça déjà, ça ne court pas les rues.
Oui, mais je trouve que ta liste sous-entend des contraintes fortes qui n'ont pour certaines simplement aucune raison d'exister en réalité (notamment la possibilité de poursuivre un financement par don), ou que tu sembles ne pas considérer que si l'éditeur veut étendre son exclusivité des droits au-delà du simple matériel publié, bah ça se monnaie, donc l'auteur n'a pas de raison d'en sortir perdant (si il négocie correctement ... évidemment après on peut discuter du caractère équitable d'une négociation entre un éditeur dont c'est le métier et qui connait parfaitement toutes les implications de chaque clause, et l'auteur qui ne sera pas forcément à l'aise sur le sujet, mais on sort du cadre ).
Mais là en l’occurrence c'est encore plus simple : AUCUN contrat, simplement l'éditeur peut se faire autant d'argent qu'il veut sur l’œuvre de l'auteur sans avoir rien à lui devoir, autre que mentionner sa paternité.
Bah si, c'est nouveau à plus d'un titre je trouve :
A savoir si ce sera un court paragraphe écrit tout petit en bas d'une page blanche, comme les copyrights que personne ne lit jamais en première ou dernière page de tous les bouquins, ou une grande page attrayante qui fera une vraie publicité pour l'auteur, sa source de financement, et expliquant le rôle de Glénat dans l'histoire.
En fait je crois qu'on a effectivement DÉJÀ la réponse sur le site de Glénat :
Après le pitch de la BD, on trouve le classique paragraphe sur l'auteur que PERSONNE ne lit jamais, et qui est tout en manipulation :
"David Revoy a développé à l’origine un webcomic libre, gratuit et open-source, financé directement par ses lecteurs."
Ok, tout est bien dit, sauf qu'on peut avoir l'impression que si le projet était initialement un webcomic financé par par les dons des lecteurs, la publication actuelle est plus ambitieuse et (logiquement?) financée par Glénat ! (au niveau de la production artistique je veux dire, donc peut largement donner l'impression que l'auteur est à présent rémunéré par voie d'édition) Cela n'est pas plus dit, mais comme c'est comme ça que cela fonctionne habituellement, pourquoi un lecteur non initié imaginerait le contraire ?
"Avec Glénat, ce projet original parait pour la première fois en livre, initiant une série d’albums au prix très attractif : 80 pages de BD pour moins de 10 euros !"
Bon au final, merci Glénat de nous offrir en exclusivité cette publication, en plus à un tarif super attractif !
Oui, ya bien le "ce projet original" qui est sensé préciser que c’est bien le webcomic gratuit qui est ici édité, mais franchement, au milieu de toute cette belle rhétorique marketing, qui retiendra de la lecture de ce discours de présentation "Ah, mais en fait je peux lire l'intégralité de ces 80 pages gratuitement sur internet ?".
Et pire : qui pensera un instant qu'en achetant la BD il ne soutiendra pas lui aussi l'auteur ?...
Quant au lien vers le webcomic, Glénat a là encore soigné les choses : pas de lien direct depuis la page sur Pepper & Carrot, en revanche un lien sur le nom de l'auteur. Et quand on clique dessus, on n'arrive non pas sur le site de David Revoy ... mais sur une page du site Glénat présentant l'auteur ... comme si c'était un auteur maison, quoi ! Et en bas de présentation (attention les yeux!) :
"Découvrez son portfolio sur : www.davidrevoy.com"
Donc ce lien renverrait simplement vers son potfolio, plus mention de webcomic (gratuit) nul part....
(même si certes le portfolio mène au webcomic, mais faut avouer que y'a des circonvolutions bien faites pour limiter sciemment l'accès à l'information)
Ce n'est certes pas "compliqué", mais faut pas être naïf : déjà que dans le web d'aujourd'hui, quand tu mentionnes explicitement un lien mais en version "non cliquable" tu peux être sûr que quasi personne ne fera l'effort de le copier dans l'adresse de son navigateur, qui penses-tu ira chercher par lui-même la page du webcomic, a fortiori si tout est fait pour que cela ne lui vienne pas à l'esprit ?
Cela ne change rien pour le Patreon, il existait avant l'arrivée de Glénat, il existera après, il aurait existé même si Glénat n'était pas venu.
Tout utilisateur qui sera curieux et cherchera Pepper & Carrot sur le net parce qu'il a lu la BD papier est un contributeur potentiel en plus.
Quand à la question "pourquoi payer alors que j'ai déjà payé ?", pose la question aux patrons actuels, dont certains repayent tous les mois et ont certainement déjà dépassé le prix du tome 1 (qui regroupera les 11 premiers chapitres, alors que sur le Patreon, tu payes par chapitre (1 par mois)).
Ça peut être difficile à croire, mais ça existe !
L'auteur ayant reviewé et validé le prototype, je pense qu'il a du considérer les crédits suffisants. Surtout qu'il a réagi à un Kickstarter qui avait pour projet de publier une version papier en anglais, mais qui ne citaient correctement pas tous les contributeurs (à partir de l'épisode 3, David Revoy n'est plus seul à s'occuper de la traduction anglaise, et au delà, ce n'est plus lui qui s'en occupe du tout), linkait la mauvaise version de la licence CC-By (3.0 au lieu de la 4.0) et n'indiquait pas que les artworks avaient été modifiés. Vu comment il a été tatillon sur les détails, j'ose espérer qu'il ait fait preuve de la même sévérité dans le cas de Glénat.
Certes, mais là on parlait il me semble de l'éventuelle contre-partie que pourrait y trouver l'auteur, en terme de publicité, et donc d'éventuel nouveaux financements. Il me semble évident que l'apport sera complètement marginal, surtout vue la tournure que prend la communication du coté de Glénat.
Bien sûr, je peux me gourer complètement !
Une façon "simple" d'avoir un aperçu de la chose, ça peut être de regarder l'évolution de son Patreon : 2.297 $ à l'heure d'aujourd'hui. On pourra regarder à combien il s'élève à distance de la publication de la version papier.
En même temps il n'a pas vraiment son mot à dire.
Glénat n'est tenu à rien d'autre que le minimum syndical sur l'auteur (et co-auteurs) et la mention de la licence CC. Et autant dire que David Revoy serait bien mal intentionné de se plaindre si la façon dont les choses étaient présentées ne lui convenaient pas puisque c'est peu dire qu'il a sciemment décidé de publier son travail sous licence "CC-By". Qu'il ait mis court à un kickstarter parce que les mentions étaient fausses ou incomplètes, là pas de soucis, mais ça n'a rien à voir.
Glénat a pris contact avec David Revoy pour faire bonne figure et donner l'impression d'être des gars cool et respectueux de son travail, ce qui a d'ailleurs été payant puisque ça a mené l'auteur à publier un long mot enthousiaste et bienveillant ce qui lui fait on ne peut meilleure pub à l'initiative de l'éditeur, mais c'est juste du marketing au final, ils n'étaient tenu à rien à ce niveau tant qu'ils restaient carré sur le respect de la licence. Et c'est bien ce qui personnellement me gène.
J'avoue que j'ai pas compris à quoi tu faisais référence.
M'enfin, là on parle du consommateur, pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit de transposable.
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